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Le guerrier Samouraï - L'Épope d'une autres culture Japonaise
Le samouraï, guerrier emblématique de l'archipel nippon, transcende l'histoire et la légende. Véritable mythe adaptable, il a façonné le Japon impérial et continue d'inspirer à travers les âges. Un historien, plongeant dans les méandres de l'histoire et de la culture japonaises, retrace l'évolution complexe de cette figure protéiforme. À travers des siècles d'interprétations, des conflits intestins aux combats pour le pouvoir, ce livre dévoile les mille visages du samouraï. C'est une plongée dans une histoire complexe et une réflexion sur la manière dont les récits historiques façonnent les sociétés. Découvrez l'âme des samouraïs, entre ombre et lumière, et la façon dont leur héritage perdure dans l'imaginaire collectif, façonnant une culture et un mythe d'une richesse inégalée.
L'historien qui scrute de près cette fascinante figure mène une enquête approfondie sur la transformation des samouraïs à travers les âges, en s'attardant sur la création et l'évolution de leur image, tant au Japon qu'à l'étranger.

La démarche de recherche de l'historien, qui se veut une exploration sans complaisance de la réalité du samouraï, se heurte à ses propres limites. En tant que non-japonisant, il est confronté à des sources primaires inaccessibles en raison de leur langue archaïque et de leurs références à l'Antiquité chinoise, qui semblent énigmatiques pour le public occidental. Toutefois, l'abondance de travaux, particulièrement dans le monde anglo-saxon, offre des possibilités de croisement d'informations et de consultation d'ouvrages traduits d'historiens japonais. Son objectif est de proposer une synthèse historiographique actualisée, rendant ainsi accessible un panorama complet de cette histoire, que les lecteurs soient déjà familiers avec la matière ou qu'ils la découvrent pour la première fois. Son ambition est de présenter une vulgarisation à la fois intelligente et exigeante, visant à satisfaire un public varié.

Le choix d'introduire l'ouvrage par une référence à Star Wars dès les premières lignes se révèle judicieux, car il illustre de manière saisissante comment le mythe du samouraï a depuis longtemps imprégné l'imaginaire occidental. Cette introduction rappelle que le samouraï a depuis longtemps colonisé notre propre imaginaire en Occident et qu'il continue à évoluer et à se réinventer au fil des tendances et des récits, même dans le cadre de la science-fiction, qui tire abondamment de l'héritage des épopées chevaleresques. Cette évolution constante de la figure du samouraï, en particulier dans la culture populaire globalisée, témoigne de sa vitalité et de son adaptabilité perpétuelle.

L'histoire des premiers samouraïs remonte au IXe siècle, une période où des individus dont l'éthique et les compétences martiales allaient former la base de la catégorie sociale qui serait plus tard désignée sous le nom de samouraïs. Le contexte de l'époque imposait des besoins militaires considérables. Le système impérial chinois, particulièrement celui de la dynastie Tang, a du mal à s'implanter. L'infanterie paysanne, recrutée par conscription et souvent peu enthousiaste, ne fournissait pas les ressources nécessaires pour concrétiser les ambitions expansionnistes de l'empire naissant, en particulier dans l'est de Honshū, où les peuples autochtones s'opposaient farouchement à la suzeraineté revendiquée par le jeune empire.

Dans ce contexte, une élite de cavaliers archers émerge, capable de sécuriser les vastes domaines fonciers des grands aristocrates, qui étaient généralement gouverneurs ou propriétaires, mais passaient souvent plus de temps à la cour, aux côtés des cercles du pouvoir. Ces chefs, souvent cadets issus de branches collatérales de la maison impériale, se sont imposés comme les leaders des bandes connues sous le nom de bushidan, qui n'étaient pas encore des clans organisés.

Cependant, à mesure que les capitaines les plus puissants prenaient conscience du potentiel de pouvoir que représentait le quasi-monopole sur l'utilisation de la force, ils se sont immiscés dans les intrigues de cour et les ont finalement arbitré. C'est ainsi que les Taira et les Minamoto ont fait leurs premières incursions en politique avant d'établir le bakufu ou shogunat, un régime qui, tour à tour, collaborait et rivalisait avec le pouvoir impérial.

Le samouraï s'est identifié à des éléments caractéristiques tels que le sabre, le cheval, l'armure et l'arc, ainsi qu'à un code éthique centré sur la victoire honorifique et le panache, incarne dans le bushidô. Cependant, à ses débuts, cette éthique n'était pas encore teintée d'un désintéressement absolu, et le culte du sacrifice au service du seigneur n'était pas encore perçu comme un idéal. Pour beaucoup, le courage était une vertu purement pragmatique. Seule la victoire importait, suivie de la récompense en fonction de la bravoure affichée sur le champ de bataille. Le courage du samouraï était donc loin d'être désintéressé, et le culte du sacrifice n'était pas encore la norme. C'était une époque que l'on pourrait qualifier de "bushidô sauvage".
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C'est seulement à la fin des guerres civiles, à l'orée du XVIIe siècle, que la "Voie du guerrier" a commencé à se cristalliser sous une forme canonique, bien que des débats animaient encore les cercles des guerriers à l'époque. Par exemple, certains défendaient une formation exclusivement martiale, tandis que d'autres prônaient une double voie, incluant également les beaux-arts. Les grands daimyô de la période Muromachi ont commencé à rédiger des préceptes et des instructions à l'intention de leurs vassaux, mais ceux-ci relevaient souvent du bon sens pratique et de considérations pragmatiques.

Le régime des Tokugawa a cherché à conférer aux samouraïs un rôle de modèles et de guides pour le peuple, dans le but de justifier leur domination sociale en s'appuyant sur une réinterprétation de la philosophie néo-confucéenne, empruntée à la Chine des Song. Cependant, de nombreux intellectuels de l'époque étaient eux-mêmes issus de la classe guerrière, ce qui rend difficile d'évaluer leur adhésion à cette organisation sociale. Malgré cela, des critiques, de plus en plus ouvertes, se sont manifestées tout au long de la période d'Edo.

Les sources historiques révèlent la violence et l'absence de principes apparents dans le comportement des samouraïs. Cependant, il est important de noter que la différence de principes ne signifie pas l'absence de principes. Ce que nous pouvons interpréter comme un geste de "panache" pourrait en réalité être contraire aux devoirs d'un guerrier japonais, dont la vie appartenait à son maître, et il devait éviter de se sacrifier inutilement. Le Japon médiéval, en particulier pendant la période des "provinces en guerre", était en proie à une violence extrême. L'élimination totale d'une maison vaincue était une pratique courante à l'époque. Pendant le "premier Moyen Âge", jusqu'à l'établissement du bakufu de Kamakura, une véritable culture alternative valorisant les exploits militaires des guerriers n'avait pas encore émergé, d'où l'horreur exprimée dans les journaux et les récits de l'époque, qui comparaient souvent les futurs samouraïs à des monstres ou à des bêtes sauvages.

Au fil des époques, l'équipement des samouraïs a évolué, bien que l'armure et le katana soient automatiquement associés à ces guerriers. Les batailles de samouraïs ont également connu des évolutions significatives. Aux périodes Heian et Kamakura, les armées étaient relativement petites, composées principalement de petites unités de fantassins, principalement des hallebardiers, ainsi que de cavaliers-archers. Les combats étaient souvent structurés autour de duels d'archerie très codifiés pour l'élite montée, tandis que l'infanterie s'engageait de manière plus chaotique. La victoire était généralement suivie de la décapitation de l'ennemi à l'aide d'une dague, la tête prise à l'ennemi servant de preuve pour réclamer une récompense appropriée.

Les choses ont commencé à changer avec les tentatives d'invasion de l'empire mongol à la fin du XIIIe siècle. Bien que ces tentatives aient été finalement repoussées, elles ont sensibilisé les Japonais à l'importance du combat collectif, malgré le dilemme apparent entre l'accent mis sur les exploits individuels au combat. L'escrime au sabre a progressivement gagné en importance par rapport à l'habileté à l'arc.

La période Sengoku, principalement au XVIe siècle, a vu les armées s'agrandir considérablement, marquant une période de profondes mutations dans l'art de la guerre japonais. L'arquebuse, introduite par des marins portugais, a progressivement supplanté l'arc, bien que son impact réel soit souvent exagéré. En réalité, l'arquebuse s'ajoutait à un arsenal déjà complexe, avec l'émergence d'unités spécialisées opérant au sein de formations de combat de plus en plus sophistiquées. Les grands seigneurs féodaux, assistés d'un état-major qualifié, étaient capables de déployer des forces considérables de plusieurs dizaines de milliers d'hommes, mieux équipés, encadrés et formés. Les batailles qui ont secoué le Japon à l'aube du XVIIe siècle mettaient en scène des armées que l'Europe ne connaîtrait que plus tard, avec la levée en masse révolutionnaire et l'épopée napoléonienne.

Parmi les samouraïs célèbres qui parsèment l'histoire, le parcours de Toyotomi Hideyoshi est l'un des plus marquants. Ce personnage étonnant, issu d'une humble origine, a réussi à atteindre le sommet du pouvoir à la fin du XVIe siècle. Il est devenu le principal artisan de la réunification du Japon, succédant à son maître Oda Nobunaga et achevant en quelques années le projet de restauration de l'unité nationale. Hideyoshi a joué un rôle essentiel, non seulement en tant que grand soldat, mais aussi en tant qu'homme d'État, en établissant les bases du Japon prémoderne. Ses réformes ont contribué à désarmer la société japonaise et à la compartimenter. Cependant, malgré ses efforts pour la conciliation, Hideyoshi pouvait se montrer impitoyable, traquant et massacrant les descendants des ennemis vaincus. Son ambition était insatiable, allant jusqu'à rêver d'un empire pan-asiatique où la Chine des Ming serait sous son joug. Bien que cette invasion n'ait pas réussi, elle a été marquée par d'effroyables massacres et de remarquables prouesses militaires.

La réactivation de la figure du samouraï autour des années 1900 est un sujet fascinant, car elle a transformé cette figure en un symbole du roman national japonais à un moment où le Japon se lançait dans une politique d'expansion. Cependant, cette période n'a pas desservi l'histoire et la figure du samouraï, mais elle a illustré l'ambivalence qui a toujours entouré cette image. Le peuple japonais a adopté l'idée d'une singularité nippone héritée de la période féodale, ce qui a fait du Japon un guide de l'Asie pour la modernité et le concert des nations. Cependant, ces mêmes arguments ont poussé le Japon sur la voie de la colonisation brutale du continent.

L'armée impériale japonaise a utilisé la figure du samouraï pour justifier ses succès militaires et a également suscité l'émergence de jeunes officiers fanatiques qui ont menacé les hauts dirigeants soupçonnés de mollesse. Malgré ces événements sombres, le samouraï a su se réinventer une fois de plus, notamment à travers le cinéma au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, l'image du samouraï est restaurée, en partie grâce à l'engouement suscité par les arts martiaux japonais (le Budo)à travers le monde comme l'arme emblématique du sabre des samourais qui est le


Dans l'ensemble, l'histoire des samouraïs est riche en complexités, en évolutions et en paradoxes. Ces guerriers japonais ont laissé une empreinte indélébile sur l'histoire du Japon et continuent d'influencer la culture japonaise et mondiale. Leur code d'éthique, le bushidô, symbolise leur dévouement à l'honneur, à la victoire et à la bravoure au combat, même si les pratiques et les interprétations ont évolué au fil du temps. Les samouraïs restent un sujet d'étude captivant qui illustre les nuances de l'histoire et de la culture japonaises.